un jour jazmin pleurerait et évacurait tout ce qu'elle a accumulé pendant cinq ans. elle n'aura plus d'eau dans son corps. mais elle n'aura plus aucune tristesse à jeter sur le sol où ruisselera ses larmes. pour maman, et papa, qui ont péri à bord de la croisière vers les îles paradisiaques, et frérot, qui n'est jamais à la maison et qui ne comprend rien, et tout ce qui lui a infligé de la peine. comme sa solitude, son enfermement. sa coque de bronze qui essaie de rouiller. avant son bouclier, son pare dessus qui savait tellement bien la protéger, c'était lui, son frère. mais il n'était pas assez solide, peut être qu'il le savait et que c'est pour ça qu'il est parti. peut être que c'est pour ça qu'il n'a pas eu envie de rester auprès d'elle et qu'il est allé voir d'autres filles plus intéressantes. mais tant pis, jazmin a trouvé un autre refuge. par milliers des jouets de bois sont cachés dans sa chambre. des pantins, des trains, des cubes de couleur. des statuettes d'animaux étranges. certains, elle les garde contre elle, près du coeur. ce sont les seuls qui la réconforte.
jazmin a comprit qu'on pourrait croire que sa vie n'est pas très belle, qu'elle devrait avoir plein d'amis et un petit copain qui lui roulerait une pelle à la sortie du ciné comme toutes les bonnes filles éduquées à coup de rolling stone et de beatles. jazmin a comprit que sa vie n'était pas la plus rêvée, mais qu'il y avait quand même des trucs qui la rehaussait. ce garçon un peu timide qui la regarde doucement, avec plein de paillette de gentillesse dans les prunelles, qui lui attrape la main deux minutes et la bouleverse. l'émerveillement de leur petite danse gourmande d'amour mais qui n'en laisse rien paraitre. leur rencontres maladroites et gênées, mais une fois qu'ils sont ensemble et qu'ils jouent, quand les notes résonnent de leur son chaud de clarinette, ils s'admirent secrètement et se dévoilent tout entiers.
cet homme habile de ses mains qui lui façonne des amis de bois, qui la fait sourire et rire malgré elle. qui lui chavire le coeur par ses mots lorsqu'elle arrive travailler dans sa boutique. un père, en fait, qui lui donne tout pour presque rien en échange. chaque matin, elle, elle lui dépose un bouquet de fleurs et vient lui déposer un baiser sur le front. et c'est génial, c'est beau, c'est une relation père fille qui est reformée. des fois ils vont regarder les nuages et se rendent compte que la vie est belle.
en fait, la vie de jazmin n'est pas qu'un raté tableau, c'est un chef-d'oeuvre de maladresse'